Celse ( 1er av. .J.C. -
1er
ap. J.C. )
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1. Notice biographique
[d'après P. Theil,
1965, p.
231]
Pratiquement inconnu aujourd'hui Aulus
Cornélius Celsus, a pourtant été l'égal
des plus grands médecins antiques et
représente à côté du grec
Hippocrate
[Celse a d'ailleurs été surnommé
"l'Hippocrate
latin"]
, du
gréco-latin Galien, le type même du
médecin romain. On connaît peu de chose de sa vie : il
semble cependant certain qu'il ait vécu au
temps de l'empereur Auguste (de la fin du
1er avant J.C. au début du 1er après
J.C.). L'oeuvre princeps de Celse est une
encyclopédie dans laquelle il aborde tous
les grands problèmes du monde romain. Cet
ouvrage, le "De Artibus" a disparu,
et seul nous en est parvenu le sixième
livre qui est heureusement celui médical,
le "De Medicina"
!
2. Sources
bibliographiques
Pour notre travail, nous avons utilisé
la traduction de Ninnin (médecin du comte
de Clermont) qui date de 1755, dans la
version revue et corrigée de 1855 (avec
les titres de l'édition de Haller, et le
texte latin d'après celle de Léonard
Targa, Padoue, 1769). Cet ouvrage a été
publié par Adolphe Delahays, Paris et est
conservé au Musée de Médecine de Lyon sous
le n° Dl/220 bis.
3. Extrait de texte
( cf.également Celse
/
PDF)
( ... )
Chapitre V - De la méthode de retirer les
traits du corps
1 - Sans
titre.
Les traits
dont le corps a été atteint, et qui y sont
restés enfoncés, n’en sont souvent retirés
qu’avec beaucoup de
peine
. Il est des difficultés qui naissent de
l’espèce des traits même ; il en est d’autres
qui viennent de la nature des parties où
ils ont
pénétré. Tous les traits se retirent ou par
l’endroit par lequel ils sont entrés, ou par
celui vers lequel ils tendent à
sortir.
Dans le
premier
cas
, le
trait s'est fait lui - même la route par
laquelle on doit le retirer ; dans le second,
il faut en pratiquer une avec le bistouri, en
coupant la chair vis - à - vis la pointe du
trait. S’il a pénétré peu avant et qu’il soit
resté à la superficie des chairs, ou du moins,
s’il ne se trouve pas de nerfs, ni de gros
vaisseaux sur son passage, il n’y a rien de
mieux a faire que de le retirer par l’endroit
par lequel il est entré. Mais s’il y avait
plus de trajet à faire, pour le retirer par ce
point, que par celui ou il faudrait lui
pratiquer une issue, et qu’il eut pénétré au
milieu de quelques nerfs ou gros vaisseaux, il
vaudrait mieux inciser ce qu’il avait encore à
parcourir, et le retirer par cette ouverture
c’est la voie la plus courte et la plus sûre.
Lorsque le trait a pénétré jusqu’au milieu
d’un membre considérable, la plaie guérit plus
aisément quand on a pratiqué une contre -
ouverture ; parce qu’on peut y introduire des
médicaments par les deux bouts en même temps.
Si l’on se détermine à retirer le trait par le
point où il est entré, il faut, auparavant,
dilater la plaie, afin qu’il suive plus
facilement la main, et que l’inflammation
subséquente soit moins forte ; car on
l’augmenterait nécessairement, si le trait
lorsqu’on le retire, venait à déchirer les
chairs. Il en est de même de la contre -
ouverture à faire, si l’on retire le trait par
le côté opposé à celui par lequel il est
entré; elle doit être assez large pour que le
trait puisse y passer aisément. Dans l’une et
l’autre méthode, on doit éviter
soigneusement de ne couper ni nerf, ni veine,
ni artère considérable ; et s’il s’en
rencontre dans le trajet à parcourir, on les
saisira avec un crochet obtus, et on les
détournera de l’instrument. Après qu’on a
coupé et dilaté suffisamment, on retire le
trait, en prenant les mêmes mesures et les
mêmes précautions, pour qu’il n’offense, dans
son passage, aucune des parties que je viens
d’indiquer.
2 - De la
manière de retirer les flèches.
Je n’ai parlé
jusqu’ici que de l’extraction des traits en
général; il en est certaines espèces qu’on ne
peut retirer que par des méthodes
particulières je vais les exposer. Rien ne
pénètre si aisément et si avant dans le corps,
que la flèche ; tant parce qu’elle est
lancée avec force, que parce qu’elle est
longue et grêle. De là vient qu’on est le
plus souvent obligé de la retirer par
l’endroit opposé à celui par lequel elle est
entrée ; d’autant plus que les pointes
recourbées, dont elle est armée pour
l’ordinaire, déchireraient plus les chairs en
reculant qu’en avançant. Lors donc qu’on
veut retirer une flèche, il faut, après avoir
fait une incision, écarter les chairs avec
un instrument fait en forme de la lettre
grecque
D ; et,
lorsqu’on a découvert la pointe, examiner
si le bois y tient encore, et en ce cas le
repousser jusqu’à ce qu’on puisse le saisir
par le gros bout, et l’arracher. Si le bois
n’y est plus, et que le fer soit resté seul
dans la plaie, il faut le prendre par la
pointe avec les doigts ou avec des pinces, et
l’emporter de cette sorte. La méthode est la
même, si on trouve plus convenable de retirer
la flèche par l’endroit par lequel elle est
entrée ; car, après avoir dilaté la plaie, on
arrache le bois s’il s’y trouve, ou le fer lui
- même. Si l’on aperçoit quelques pointes
recourbées, courtes et minces, on les brisera
avec les pinces, et on extraira ensuite la
flèche, qui s’en trouvera ainsi dégagée ; si
ces pointes sont longues et fortes, on les
recouvrira avec un tuyau de plume à écrire,
fendu en deux, et on les retirera de cette
façon, sans risquer de déchirer les chairs.
Voilà ce qui concerne l’extraction des
flèches.
3 - De la
manière d’extraire les traits dont le fer est
large.
Si un trait,
dont le fer est large, est resté dans les
chairs ; il n est point à propos de le
retirer par le côté opposé à son entrée
; car ce serait ajouter à une grande
plaie une plaie non moins
grande
. Il faut donc l’arracher avec un instrument
appelé par les Grecs le cyathisque de
Dioclès, du nom de son inventeur, que j’ai
déjà dit avoir été un des plus grands médecins
de l’antiquité. Cet instrument est composé
d’une lame de fer ou de cuivre, dont un bout
est armé, de chaque côté, d’un crochet
recourbé ; de l’autre, elle est doublée sur
ses côtés, légèrement échancrée, et percée
d’une ouverture. On introduit cet instrument
transversalement, le long du trait, jusqu’à sa
pointe et lorsqu’on y est parvenu, on le fait
un peu tourner, afin que le trait entre dans
l’ouverture ; lorsqu’il y est entré, on
saisit, avec deux doigts, l’autre extrémité
par ses crochets, et l’on retire l’instrument
avec le trait.
4 - De la
manière d’extraire les dards
empoisonnés.
Si le trait
dont on a été blessé se trouve empoisonné, il
faut l’extraire suivant la même méthode, mais
avec toute la promptitude possible et de plus,
faire le traitement usité dans le cas de
poisons pris à l’intérieur, ou de morsures de
serpents. Lorsqu’une fois le trait est
retiré, le pansement est le même que celui des
blessures simples. Nous en avons parlé
suffisamment ailleurs ( ... ).
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mise à jour le 08/07/2015]
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